Et d'abord l'origine du nom
Personne n'est jamais tombé d'accord sur sa signification (faut-il en chercher une ?) "Billiacum" "apparaît pour la première fois dans un texte officiel en 1024 (fondation de la prévôté). En 1152 c'est "Berclati " en 1169 "Eccl.Bercloensem".Il faut se souvenir que notre langue, à cette époque n'était encore qu' un latin altéré, vulgaire.
Citons toutefois ces interprétations
Billiacum serait un chantier ou une habitation de bûcherons (billot arbre abattu billette morceaux de bois semés sur le champ) Quant à Berclau, il viendrait de Berca prairie. et clausume enclos.Ou autrement Bersa parc à moutons et Clada haies formées de claies. d'autres encore veulent y voir une forme flamande Berckloo ce qui donnerait le sens de bois et de montagne.. A vous de choisir.
En 1287. on trouve encore l'orthographe" Builli en Békelau
"mais
aussi "Berclau", qui devait le rester définitivement
Les origines de la création de Billy-Berclau
Les traces du passé de Billv-Berclau remonte au X ème siècle. Faisant partie du Comté de Flandre, Billy-Berclau se présente comme un immense marécage, très poissonneux parsemé de canaux, avec une abondante végétation. (A l'époque gallo-romaine ce territoire faisait partie du pagusbeticus, pays de la Lys.) On y trouve quelques rares habitants vivant pauvrement de la pêche et de l'élevage dans des cabanes, sous la protection et aussi la domination du seigneur de l'endroit. un reître haut en couleurs, très redouté, et qui fera beaucoup parlé de lui, le chevalier Leduin. C'est un dur, ce chevalier Leduin, il a roulé sa bosse partout, à guerroyé. et maintenant il fait régner sa loi sur toute la région.
Il contrôle les routes et les bois, arrêtant les voyageurs, pillant sans scrupule. Car Il ne connaît que sa force, et personne n'ose l'affronter dans son domaine. Son âme est bien noire chargée de crimes et de péchés. Mais nous sommes vers 990, et en ce siècle de foi profonde, il est quand même effrayé par ce qu'on dit partout, la fin du monde est pour l'an 1000, c'est sûr et alors chacun comparaîtra devant le seigneur, dans un jugement solennel ,pour expier tous ses péchés .Lui, il sait bien qu'il a fait le mal, et que Dieu ne sera pas tendre à son égard. La grande peur le saisit; il a maintenant passé la cinquantaine, que faire pour éviter le châtiment et trouver grâce devant le Seigneur ?
En proie à de grands tourments, il prend une grave décision. Imitant en cela beaucoup de ses compagnons, très inquiets de rendre compte à Dieu de leur vie de brigandage et de cruauté il va essayer de se racheter (pour le peu d'années qui, pense t-il, lui restent à vivre) en prenant la bure et en
se faisant moine à l'abbaye de St Vaast à Arras. Il
donne
donc tout son patrimoine au monastère (voir Cartulaire de
Guimann)
il dit adieu à Berclau, aux bois qui ont vu tous ses exploits,
et
nous le retrouverons, la tête rasée, parmi les nombreux
moines
de St Vaast
Leduin, devenu moine fut désormais un modèle pour
tous.
Et il réussit tant et si bien qu'en 1020, il fut chargé
du
gouvernement de l'abbaye Saint Vaast et nommé trente
troisième
abbé. Durant vingt ans qu'il gouverna l'abbaye, il travailla
à
conserver et augmenter les biens de l'abbaye. Leduin décida de
fonder
un monastère à Berclau son village natal. Deux raisons 1'y
poussaient: d'abord, il pourrait y placer l'excédent de moines,
trop nombreux à Saint-Vaast et enfin, cela permettrai de
surveiller
les cultures et la possession des domaines d'alentours. Pour fonder la
prévôté de Berclau, il sollicita auprès de
l'évêque
la convocation d'une assemblée synodale*, à laquelle il
demanda
la permission de construire l'abbaye. Il en obtenu très
facilement
l'autorisation. Quand la construction fut achevée en 1024,
l'évêque
Gérard, en personne, vint consacrer le nouveau prieuré
sous
le vocable de Saint-Sauveur.
L'abbaye fut bâtie non loin de la Deule, au milieu de pâturages. Elle fut conçue pour abriter cinq moines. y compris le prévôt*. Leur rôle était de cultiver la terre et d'élever des moutons. Ils travaillaient à défricher la terre, à la rendre plus fertile, afin que Billy-Berclau devienne un village. Mais Leduin en voulait plus pour son village natal... C'est pourquoi il décida de donner le chef de Saint-Jacques Le Majeur à la prévôté de Berclau.
Le concours des pèlerins que cette précieuse relique y attira, fut pour la prévôté, une source de prospérité qui dura 140 ans.
L'abbé Martin ayant découvert le larcin, parvint tant par contrainte que par ruse à s'en emparer et la rapportait à Arras quand les habitants s'opposèrent à son enlèvement. Le comte de Flandre intervint à son tour, la repris et la fit transporter à Aire.
Enfin, après une contestation qui dura 6 ans. un accord fut conclu à la médiation de l'évêque de Thérouanne, de l'archevêque de Reims et du pape lui-même. Il fut décidé que le précieux chef serait scié en deux et partagé entre l'église d'Aire et l'abbaye de Saint-Vaast.
Le village de Berclau parait avoir eu d'autres seigneurs que
l'abbaye.
D'après un titre rapporté par Godefroy, la seigneurie de
Berclau aurait été vendue en 1228 à la reine
Blanche
par la fille de Régnier, connétable de Tripoli.
*Assemblée synodale: assemblée
d'ecclésiastiques
ou d'évêques convoquée par un évêques
ou par le Pape pour délibérer des affaires d'un
diocèse
ou des problèmes généraux de l'église
*Prévôt: agent royal ou seigneurial aux attributions
diverses
(judiciaires, administratives ou
militaires ).
Le Comité d'Histoire Locale de BiIly-Berclau
Carte de CASSINI
Andrée et Michel Baillet -Leclercq. Emmanuel Delpierre